Ra vo trec'h hor strategiezh harz-labour
Notre camp est attaqué par une réforme des retraites qui vise à nous faire travailler davantage sans pouvoir profiter d'un repos mérité après une vie de travail.
Le mouvement de contestation entre dans une phase déterminante, la grève qui doit arrêter l'économie. Ce mouvement devient potentiellement historique, un mouvement où les mots d'ordre sont unanimes, les manifestations sont massives et populaires et les syndicats sont combatifs et respectés. Depuis le premier jour dans la rue, plusieurs journées de grève et de manifestations ont déjà eu lieu qui, si elles n'ont pas affaibli les premiers d'entre nous, ont largement contribué à étendre la mobilisation. " Nous ne travaillerons pas plus longtemps ! " crions-nous tous d'une seule voix. Malheureusement, cela ne suffit pas !
64 ans, c'est non !
En Bretagne, en France, en Europe et sur toute la planète, nous, prolétaires, devons travailler pour vivre et ce lien nous oblige à une solidarité inconditionnelle. Dans le cadre d'un mouvement de contestation, à quelque niveau que ce soit, face au patronat ou aux États qui défendent leurs intérêts, notre solidarité doit s'exprimer dans la grève.
Nos ennemis l'ont compris et tentent déjà de nous diviser : régimes spéciaux, blocage de l'économie, pénibilité. Certains nous narguent désormais même sur l'idée de la grève générale, en prétendant que dans l'histoire aucune grève générale n'aurait jamais été victorieuse ou n'aurait même jamais eu lieu.
Ils veulent nous diviser. Soyons unis et solidaires !
Face à cette attaque du gouvernement sur nos conditions de vie et de travail, il ne s'agit pas ici de dire que nous sommes égaux. Mais nous sommes tous et toutes attaquées ! Si notre classe ne gagne pas, nous allons tous y perdre ! Et c'est ici la première condition à exprimer pour définir une stratégie de grève générale victorieuse : les mots d'ordre, les revendications doivent concerner tous les travailleurs et travailleuses ; ce que nous, organisations syndicales, appelons mouvements "interprofessionnels".
Pourtant, même si nous devons tous et toutes travailler pour vivre et si nous produisons les richesses dont nous jouissons collectivement, notre place dans la société, nos métiers, ne sont pas les mêmes. Et notre rôle qui en découle dans la grève n'est pas le même non plus : nous en identifions deux qu'il nous semble falloir différencier dans le cadre d'une stratégie de grève. Une partie d'entre nous travaille directement à la production de marchandises qui alimentent l'économie capitaliste tandis que le fruit du travail de certains n'a pas de valeur marchande et ne produit pas de chiffre d'affaires.
Les premiers ont un rôle déterminant dans une grève et sont les seuls dont l'arrêt du travail engage un vrai rapport de force avec le patronat et l'État. Les seconds, en faisant grève, ne menacent pas leur employeur ; pire, ils peuvent nuire en premier lieu voire uniquement à ceux qui bénéficient de leur activité. Dans cette catégorie, l'exemple le plus évident serait sans nul doute celui des médecins urgentistes pour qui l'arrêt de l'activité signifierait directement le décès des personnes qu'ils passent leur vie à sauver. Mais toutes les activités non marchandes peuvent suivre ce raisonnement.
C'est le capitalisme qu'il faut combattre !
A partir de ce constat, nous appelons à une stratégie de grève claire : dans le cadre d'un mouvement revendicatif aux enjeux interprofessionnels, les travailleurs et travailleuses des secteurs marchands doivent cesser le travail aussi longtemps que les revendications ne sont pas satisfaites, tandis que les travailleurs et travailleuses des activités non marchandes doivent continuer de travailler pour percevoir un salaire qui permettra de soutenir par son reversement direct l'arrêt du travail des premiers dans la durée.
Dans cette stratégie, nous sommes tous grévistes, mais avec des modalités différenciées : ceci permet de décupler l'ampleur et la durée du rapport de force à engager face à l'État et au patronat pour rendre notre grève victorieuse ! Nous tiendrons, coûte que coûte, car une grève restera toujours difficile, mais nous gagnerons !
Rendre la grève victorieuse !
Dans le cadre de ce mouvement de contestation de la réforme des retraites, nous pensons que cette proposition de stratégie paraîtra évidente au plus grand nombre d'entre nous. Malgré cela, nous, organisations syndicales, ne sommes pas prêtes à l'appliquer de manière efficace et pointue, car cela nécessite une discipline individuelle et collective qui ne s'improvise pas.
Ainsi, notre première pierre à cet édifice, qui vise à construire un syndicalisme de classe, victorieux et solidaire est une caisse de grève à laquelle nous appelons tous les travailleurs et travailleuses de Bretagne à contribuer :
Participer à la caisse de grève